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CONTES ARABES.

nom du calife notre seigneur et maître. Rihan[1] notre esclave me l’a vendue deux sequins. »

Aux mots de pomme et d’esclave, le grand-visir Giafar fit un cri de surprise mêlé de joie, et mettant aussitôt la main dans le sein de sa fille, il en tira la pomme. Il fit appeler l’esclave qui n’étoit pas loin ; et lorsqu’il fut devant lui : « Maraut, lui dit-il, où as-tu pris cette pomme ? » « Seigneur, répondit l’esclave, je vous jure que je ne l’ai dérobée, ni chez vous, ni dans le jardin du Commandeur des croyans. L’autre jour comme je passois dans une rue auprès de trois ou quatre petits enfans qui jouoient, et dont l’un la tenoit à la main, je la lui arrachai, et l’emportai. L’enfant courut après moi, en me disant que la pomme n’étoit pas à lui, mais à sa mère qui étoit mala-

  1. Ce mot signifie, en arabe, du basilic, plante odoriférante. Les Arabes donnent ce nom à leurs esclaves, comme on donne en France celui de Jasmin à un laquais.