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Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/26

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LES MILLE ET UNE NUITS,

d’où je venois, ce qui m’avoit engagée à faire ce voyage, et de quelle manière j’avois heureusement pris port après une navigation de vingt jours. En achevant, je le suppliai de s’acquitter à son tour de la promesse qu’il m’avoit faite, et je lui témoignai combien j’étois frappée de la désolation affreuse que j’avois remarquée dans tous les endroits où j’avois passé.

« Ma chère dame, dit alors le jeune homme, donnez-vous un moment de patience. » À ces mots, il ferma l’Alcoran, le mit dans un étui précieux, et le posa dans la niche. Je pris ce temps-là pour le considérer attentivement, et je lui trouvai tant de grâce et de beauté, que je sentis des mouvemens que je n’avois jamais sentis jusqu’alors. Il me fit asseoir près de lui, et avant qu’il commençât son discours, je ne pus m’empêcher de lui dire d’un air qui lui fit connoître les sentimens qu’il m’avoit inspirés : « Aimable seigneur, cher objet de mon ame, on ne peut attendre avec plus d’impatience que je l’at-