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CONTES ARABES.

mon mari ? » « Non, Madame, répondit Bedreddin, je suis d’une autre condition que ce vilain bossu. » « Mais, reprit-elle, vous ne prenez pas garde que vous parlez mal de mon époux. » « Lui, votre époux, Madame, repartit-il ! Pouvez-vous conserver si long-temps cette pensée ? Sortez de votre erreur : tant de beautés ne seront pas sacrifiées au plus méprisable de tous les hommes. C’est moi, Madame, qui suis l’heureux mortel à qui elles sont réservées. Le sultan a voulu se divertir en faisant cette supercherie au visir votre père, et il m’a choisi pour votre véritable époux. Vous avez pu remarquer combien les dames, les joueurs d’instrumens, les danseurs, vos femmes et tous les gens de votre maison se sont réjouis de cette comédie. Nous avons renvoyé le malheureux bossu, qui mange à l’heure qu’il est un plat de crême dans son écurie, et vous pouvez compter que jamais il ne paroîtra devant vos beaux yeux. »

» À ce discours, la fille du visir,