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LES MILLE ET UNE NUITS,

qui étoit entrée plus morte que vive dans la chambre nuptiale, changea de visage, prit un air gai, qui la rendit si belle, que Bedreddin en fut charmé. « Je ne m’attendois pas, lui dit-elle, à une surprise si agréable, et je m’étois déjà condamnée à être malheureuse tout le reste de ma vie. Mais mon bonheur est d’autant plus grand, que je vais posséder en vous un homme digne de ma tendresse. » En disant cela, elle acheva de se déshabiller, et se mit au lit. De son côté, Bedreddin Hassan, ravi de se voir possesseur de tant de charmes, se déshabilla promptement. Il mit son habit sur un siége et sur la bourse que le juif lui avoit donnée, laquelle étoit encore pleine, malgré tout ce qu’il en avoit tiré. Il ôta son turban, pour en prendre un de nuit qu’on avoit préparé pour le bossu, et il alla se coucher en chemise et en caleçon[1].

  1. Tous les Orientaux couchent en caleçon : cette circonstance est nécessaire pour l’intelligence de la suite.