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LES MILLE ET UNE NUITS,

marchand, et tantôt chez un autre ; je me divertissois à m’entretenir avec eux, et à voir ce qui se passoit dans le bezestein.

» Un lundi que j’étois assis dans la boutique d’un de ces marchands, qui se nommoit Bedreddin, une dame de condition, comme il étoit aisé de le connoître à son air, à son habillement, et par une esclave fort proprement mise qui la suivoit, entra dans la boutique, et s’assit près de moi. Cet extérieur, joint à une grâce naturelle qui paroissoit en tout ce qu’elle faisoit, me prévint en sa faveur, et me donna une grande envie de la mieux connoître que je ne faisois. Je ne sais si elle ne s’aperçut pas que je prenois plaisir à la regarder, et si mon attention ne lui plaisoit point ; mais elle haussa le crêpon qui lui descendoit sur le visage par-dessus la mousseline qui le cachoit, et me laissa voir de grands yeux noirs dont je fus charmé. Enfin elle acheva de me rendre très-amoureux d’elle par le son agréable de sa voix et par ses ma-