Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, II.djvu/513

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
503
CONTES ARABES.

prenne à vivre, et qu’il porte des marques si sensibles de sa mal-propreté, qu’il ne s’avisera de sa vie de manger d’un ragoût à l’ail sans se souvenir ensuite de se laver les mains. « Elles ne se rebutèrent pas de son refus ; elles se jetèrent à ses pieds, et lui baisant la main : « Notre bonne dame, lui dirent-elles, au nom de Dieu, modérez votre colère, et accordez-nous la grâce que nous vous demandons. « Elle ne leur répondit rien, mais elle se leva ; et après m’avoir dit mille injures, elle sortit de la chambre. Toutes les dames la suivirent, et me laissèrent seul dans une affliction inconcevable.

» Je demeurai dix jours sans avoir personne qu’une vieille esclave qui venoit m’apporter à manger. Je lui demandai des nouvelles de la dame favorite. « Elle est malade, me dit la vieille esclave, de l’odeur empoisonnée que vous lui avez fait respirer. Pourquoi aussi n’avez-vous pas eu soin de vous laver les mains après avoir mangé de ce maudit ragoût à l’ail ? »