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CONTES ARABES.

ayant demandé ce qu’ils faisoient dans un lieu qui me paroissoit si désert, ils répondirent qu’ils étoient palefreniers du roi Mihrage, souverain de cette isle ; que chaque année, dans la même saison, ils avoient coutume d’y amener les cavales du roi, qu’ils attachoient de la manière que je l’avois vu, pour les faire couvrir par un cheval marin qui sortoit de la mer ; que le cheval marin, après les avoir couvertes, se mettoit en état de les dévorer ; mais qu’ils l’en empêchoient par leurs cris, et l’obligeoient à rentrer dans la mer ; que les cavales étant pleines, ils les ramenoient, et que les chevaux qui en naissoient, étoient destinés pour le roi, et appelés chevaux marins. Ils ajoutèrent qu’ils devoient partir le lendemain, et que si je fusse arrivé un jour plus tard, j’aurois péri infailliblement, parce que les habitations étoient éloignées, et qu’il m’eût été impossible d’y arriver sans guide.

» Tandis qu’ils m’entretenoient ainsi, le cheval marin sortit de la mer,