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CONTES ARABES.

vous l’avois-je pas bien dit, que vous exposiez votre vie par votre obstination à ne vouloir pas que je vous accompagnasse ? Voilà ce qui vous est arrivé par votre faute ; et si de mon côté je ne m’étois pas obstiné à vous suivre pour voir où vous alliez, que seriez-vous devenu ? Où allez-vous donc, Seigneur ? Attendez-moi. »

» C’est ainsi que le malheureux barbier parloit tout haut dans la rue. Il ne se contentoit pas d’avoir causé un si grand scandale dans le quartier du cadi, il vouloit encore que toute la ville en eût connoissance. Dans la rage où j’étois, j’avois envie de l’attendre pour l’étrangler ; mais je n’aurois fait par-là que rendre ma confusion plus éclatante. Je pris un autre parti : comme je m’aperçus que sa voix me livroit en spectacle à une infinité de gens qui paroissoient aux portes ou aux fenêtres, ou qui s’arrêtoient dans les rues pour me regarder, j’entrai dans un khan dont le concierge m’étoit connu. Je le trouvai à la porte, où le bruit l’avoit at-