Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/13

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CONTES ARABES.

cela est, répliqua-t-il, et que vous vouliez bien me tenir compagnie, je vous conterai là mon histoire. » Je repartis que j’étois tout à lui le reste de la journée. Aussitôt il commanda à ses gens d’apporter de quoi faire la collation ; puis nous parûmes et nous nous rendîmes au jardin du gouverneur. Nous y fîmes deux ou trois tours de promenade ; et après nous être assis sur un tapis que ses gens étendirent sous un arbre qui faisoit un bel ombrage, le jeune homme me fit de cette sorte le récit de son histoire :

« Je suis né à Moussoul, et ma famille est une des plus considérables de la ville. Mon père étoit l’aîné de dix enfans que mon aïeul laissa en mourant, tous en vie et mariés. Mais de ce grand nombre de frères, mon père fut le seul qui eut des enfans, encore n’eut-il que moi. Il prit un très-grand soin de mon éducation, et me fit apprendre tout ce qu’un enfant de ma condition ne devoit pas ignorer…