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CONTES ARABES.

la violence de sa chute lui avoit ôté le sentiment. Le sel dont ses plaies avoient été frottées, lui conserva la vie. Il reprit peu à peu assez de force pour se soutenir ; et au bout de deux jours ayant ouvert la trappe durant la nuit, et remarqué dans la cour un endroit propre à se cacher, il y demeura jusqu’à la pointe du jour. Alors il vit paroître la détestable vieille qui ouvrit la porte de la rue, et partit pour aller chercher une autre proie. Afin qu’elle ne le vît pas, il ne sortit de ce coupe-gorge que quelques momens après elle, et il vint se réfugier chez moi, où il m’apprit toutes les aventures qui lui étoient arrivées en si peu de temps.

» Au bout d’un mois, il fut parfaitement guéri de ses blessures par les remèdes souverains que je lui fis prendre. Il résolut de se venger de la vieille qui l’avoit trompé si cruellement. Pour cet effet, il fit une bourse assez grande pour contenir cinq cents pièces d’or ; et, au lieu d’or, il la remplit de morceaux de verre…