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LES MILLE ET UNE NUITS,

avoir un libre accès auprès des maîtres, et s’attirer leur compassion.

« Un jour qu’il passoit devant un hôtel magnifique, dont la porte élevée laissoit voir une cour très-spacieuse où il y avoit une foule de domestiques, il s’approcha de l’un d’entr’eux, et lui demanda à qui appartenoit cet hôtel. « Bon homme, lui répondit le domestique, d’où venez-vous pour me faire cette demande ? Tout ce que vous voyez ne vous fait-il pas connoître que c’est l’hôtel d’un Barmecide ?[1] » Mon frère, à qui la générosité et la libéralité des Barmecides étoient connues, s’adressa aux portiers, car il y en avoit plus d’un, et les pria de lui donner l’aumône. « Entrez, lui dirent-ils, personne ne vous en empêche, et adressez-vous vous-même au maître de la maison, il vous renverra content. »

Mon frère ne s’attendoit pas à tant d’honnêteté ; il en remercia les portiers, et entra, avec leur permission,

  1. V. la note de la p. 222 du tome second.