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LES MILLE ET UNE NUITS,

votre Majesté. C’est à elle à prononcer si nous sommes dignes de sa clémence ou de sa colère, de la vie ou de la mort. »

Le sultan de Casgar laissa voir sur son visage un air content qui redonna la vie au tailleur et à ses camarades. « Je ne puis disconvenir, dit-il, que je ne sois plus frappé de l’histoire du jeune boiteux, de celle du barbier, et des aventures de ses frères, que de l’histoire de mon bouffon. Mais avant que de vous renvoyer chez vous tous quatre, et qu’on enterre le corps du bossu, je voudrois voir ce barbier qui est cause que je vous pardonne. Puisqu’il se trouve dans ma capitale, il est aisé de contenter ma curiosité. » En même temps il dépêcha un huissier pour l’aller chercher avec le tailleur, qui savoit où il pourroit être.

L’huissier et le tailleur revinrent bientôt, et amenèrent le barbier qu’ils présentèrent au sultan. Le barbier étoit un vieillard qui pouvoit avoir quatre-vingt-dix ans. Il avoit