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LES MILLE ET UNE NUITS,

tracent, et que j’exprime avec un plaisir incroyable, en les répétant plusieurs fois, partent du plus profond de mon cœur, et de la blessure incurable que vous y avez faite, blessure que je bénis mille fois, malgré le cruel ennui que je souffre de votre absence. Je compterois pour rien tout ce qui s’oppose à nos amours, s’il m’étoit seulement permis de vous voir quelquefois en liberté : je vous posséderois alors ; que pourrois-je souhaiter de plus ?

» Ne vous imaginez pas que mes paroles disent plus que je ne pense. Hélas, de quelques expressions que je puisse me servir, je sens bien que je pense plus de choses que je ne vous en dis ! Mes yeux qui sont dans une veille continuelle et qui versent incessamment des pleurs en attendant qu’ils vous revoient, mon cœur affligé qui ne désire que vous seul, les soupirs qui m’échappent toutes les fois que je pense à vous, c’est-à-dire, à tout moment,