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CONTES ARABES.

mon imagination qui ne me représente plus d’autre objet que mon cher prince, les plaintes que je fais au ciel de la rigueur de ma destinée, enfin ma tristesse, mes inquiétudes, mes tourmens qui ne me donnent aucun relâche depuis que je vous ai perdu de vue, sont garans de ce que je vous écris.

» Ne suis-je pas bien malheureuse d’être née pour aimer, sans espérance de jouir de ce que j’aime ? Cette pensée désolante m’accable à un point, que j’en mourrois, si je n’étois pas persuadée que vous m’aimez. Mais une si douce consolation balance mon désespoir et m’attache à la vie. Mandez-moi que vous m’aimez toujours : je garderai votre lettre précieusement ; je la lirai mille fois le jour ; je souffrirai mes maux avec moins d’impatience. Je souhaite que le ciel cesse d’être irrité contre nous, et nous fasse trouver l’occasion de nous dire sans contrainte que nous nous aimons, et que nous ne cesserons jamais de nous aimer.