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LES MILLE ET UNE NUITS,

trouble où je suis ? J’ai l’esprit agité de mille pensées cruelles, et mes sentimens se détruisent au moment que je les ai conçus, pour faire place à d’autres. Pendant que mon corps se ressent des impressions de mon ame, comment pourrai-je tenir le papier et conduire la canne[1] pour former les lettres ? »

En parlant ainsi, il tira d’un petit bureau qu’il avoit près de lui, du papier, une canne taillée, et un cornet où il y avoit de l’encre…

Scheherazade apercevant le jour en cet endroit, interrompit sa narration. Elle en reprit la suite le lendemain, et dit à Schahriar :


  1. Les Arabes, les Persans et les Turcs, quand ils écrivent, tiennent le papier de la main gauche, appuyé ordinairement sur le genou, et écrivent de la main droite avec une petite canne taillée et fendue comme nos plumes. Cette sorte de canne est creuse, et ressemble à nos roseaux ; mais elle a plus de consistance.