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CONTES ARABES.

abondamment, et de l’autre, elles embrasent mon cœur d’un feu qui le soutient, et m’empêchent d’expirer de douleur. Je n’ai pas eu un moment de repos depuis notre cruelle séparation. Votre lettre seule apporta quelque soulagement à mes peines. J’ai gardé un morne silence jusqu’au moment que je l’ai reçue : elle m’a redonné la parole. J’étois enseveli dans une mélancolie profonde, elle m’a inspiré une joie qui a d’abord éclaté dans mes yeux et sur mon visage. Mais ma surprise de recevoir une faveur que je n’ai point encore méritée, a été si grande, que je ne savois par où commencer pour vous en marquer ma reconnoissance. Enfin, après l’avoir baisée plusieurs fois, comme un gage précieux de vos bontés, je l’ai lue et relue, et suis demeuré confus de l’excès de mon bonheur. Vous voulez que je vous mande que je vous aime toujours. Ah, quand je ne vous aurois pas aimée aussi parfaitement que je vous aime, je ne pourrois