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CONTES ARABES.

amis le vint voir. Ce joaillier s’étoit aperçu que la confidente de Schemselnihar alloit chez Ebn Thaher plus souvent qu’à l’ordinaire, et qu’Ebn Thaher étoit presque toujours avec le prince de Perse, dont la maladie étoit sue de tout le monde, sans toutefois qu’on en connût la cause ; tout cela lui avoit donné des soupçons. Comme Ebn Thaher lui parut rêver, il jugea bien que quelqu’affaire importante l’embarrassoit ; et croyant être au fait, il lui demanda ce que vouloit l’esclave confidente de Schemselnihar. Ebn Thaher demeura un peu interdit à cette demande, et voulut dissimuler en lui disant que c’étoit pour une bagatelle qu’elle venoit si souvent chez lui. « Vous ne me parlez pas sincèrement, lui répliqua le joaillier, et vous m’allez persuader par votre dissimulation, que cette bagatelle est une affaire plus importante que je ne l’ai cru d’abord. »

Ebn Thaher, voyant que son ami le pressoit si fort, lui dit : « Il est