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CONTES ARABES.

de la manière la plus cruelle. Après cela, il ne me reste plus qu’à songer à la mort : je me la serois déjà donnée, si ma religion ne me défendoit d’être homicide de moi-même ; mais il n’est pas besoin que je la prévienne : je sens bien que je ne l’attendrai pas long-temps. » Il se tut à ces paroles, avec des gémissemens, des soupirs, des sanglots et des larmes qu’il laissa couler en abondance.

Le joaillier, qui ne savoit pas d’autre moyen de le détourner de cette pensée de désespoir, qu’en lui remettant Schemselnihar dans la mémoire, et qu’en lui donnant quelqu’ombre d’espérance, lui dit qu’il craignoit que la confidente ne fût déjà venue, et qu’il étoit à propos qu’il ne perdît pas de temps à retourner chez lui. « Je vous laisse aller, lui dit le prince ; mais si vous la voyez, je vous supplie de lui bien recommander d’assurer Schemselnihar, que si j’ai à mourir, comme je m’y attends bientôt, je l’aimerai jusqu’au dernier soupir et jusque dans le tombeau. »