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LES MILLE ET UNE NUITS,

il y avoit long-temps qu’il ne s’étoit présenté ni médecin, ni astrologue, ni magicien, depuis tant d’exemples tragiques de ceux qui avoient échoué dans leur entreprise. On croyoit qu’il n’y en avoit plus au monde, ou du moins qu’il n’y en avoit plus d’aussi insensés.

À voir la bonne mine du prince, son air noble, la grande jeunesse qui paroissoit sur son visage, il n’y en eut pas un à qui il ne fît compassion. « À quoi pensez-vous, Seigneur, lui dirent ceux qui étoient le plus près de lui ? Quelle est votre fureur d’exposer ainsi à une mort certaine une vie qui donne de si belles espérances ? Les têtes coupées que vous avez vues au-dessus des portes, ne vous ont-elles pas fait horreur ? Au nom de Dieu abandonnez ce dessein de désespéré ; retirez-vous. »

À ces remontrances, le prince Camaralzaman demeura ferme ; et au lieu d’écouter ces harangueurs, comme il vit que personne ne venoit pour l’introduire, il répéta le même cri