Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/56

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
LES MILLE ET UNE NUITS,

ne pas demeurer même dans une ville où il demeureroit : c’est pour cela que je suis sorti de Bagdad où je le laissai, et que j’ai fait un si long voyage pour venir m’établir en cette ville au milieu de la grande Tartarie, comme en un endroit où je me flattois de ne le voir jamais. Cependant, contre mon attente, je le trouve ici : cela m’oblige, Seigneurs, à me priver malgré moi de l’honneur de me divertir avec vous. Je veux m’éloigner de votre ville dès aujourd’hui, et m’aller cacher, si je puis, dans des lieux où il ne vienne pas s’offrir à ma vue. »

» En achevant ces paroles, il voulut nous quitter ; mais le maître du logis le retint encore, le supplia de demeurer avec nous, et de nous raconter la cause de l’aversion qu’il avoit pour le barbier, qui, pendant tout ce temps-là, avoit les yeux baissés et gardoit le silence. Nous joignîmes nos prières à celles du maître de la maison ; et enfin le jeune homme, cédant à nos instances, s’assit sur le