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CONTES ARABES.

» Je revins chez moi dans un état bien différent de celui où j’étois lorsque j’en étois sorti : agité d’une passion d’autant plus violente, que je n’en avois jamais senti l’atteinte, je me mis au lit avec une grosse fièvre, qui répandit une grande affliction dans ma maison. Mes parens, qui m’aimoient, alarmés d’une maladie si prompte, accoururent en diligence, et m’importunèrent fort pour en apprendre la cause, que je me gardois bien de leur dire. Mon silence leur causa une inquiétude que les médecins ne purent dissiper, parce qu’ils ne connoissoient rien à mon mal, qui ne fit qu’augmenter par leurs remèdes, au lieu de diminuer.

» Mes parens commençoient à désespérer de ma vie, lorsqu’une vieille dame de leur connoissance, informée de ma maladie, arriva. Elle me considéra avec beaucoup d’attention ; et après m’avoir examiné, elle connut, je ne sais par quel hasard, le sujet de ma maladie. Elle les prit en particulier, les pria de la laisser seule