Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, III.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
88
LES MILLE ET UNE NUITS,

entrer chez lui. Il s’étoit caché à un coin de la rue pour m’observer et me suivre. En effet, quand je fus arrivé à la porte du cadi, je me retournai et l’aperçus à l’entrée de la rue : j’en eus un chagrin mortel.

» La porte du cadi étoit à demi ouverte ; et en entrant, je vis la vieille dame qui m’attendoit, et qui après avoir fermé la porte, me conduisit à la chambre de la jeune dame dont j’étois amoureux ; mais à peine commençois-je à l’entretenir, que nous entendîmes du bruit dans la rue. La jeune dame mit la tête à la fenêtre, et vit au travers de la jalousie, que c’étoit le cadi son père qui revenoit de la prière. Je regardai aussi en même temps, et j’aperçus le barbier assis vis-à-vis, au même endroit d’où j’avois vu la jeune dame.

» J’eus alors deux sujets de crainte, l’arrivée du cadi, et la présence du barbier. La jeune dame me rassura sur le premier, en me disant que son père ne montoit à sa chambre que très-rarement ; et que comme elle