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LES MILLE ET UNE NUITS,

de la justice ? » Noureddin se lassa enfin de battre le visir Saouy ; il le laissa au milieu du ruisseau, reprit la belle Persienne, et retourna chez lui au milieu des acclamations du peuple qui le louoit de l’action qu’il venoit de faire.

Saouy meurtri de coups se releva, à l’aide de ses gens, avec bien de la peine, et il eut la dernière mortification de se voir tout gâté de fange et de sang. Il s’appuya sur les épaules de deux de ses esclaves, et dans cet état il alla droit au palais, à la vue de tout le monde, avec une confusion d’autant plus grande que personne ne le plaignoit. Quand il fut sous l’appartement du roi, il se mit à crier et à implorer sa justice d’une manière pitoyable. Le roi le fit venir ; et dès qu’il parut, il lui demanda qui l’avoit maltraité et mis dans l’état où il étoit ? « Sire, s’écria Saouy, il ne faut qu’être bien dans la faveur de votre Majesté, et avoir quelque part à ses sacrés conseils, pour être traité de