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CONTES ARABES.

reddin l’eût un peu mortifié. Ils lui témoignèrent par signes, et lui firent comprendre qu’il pouvoit se venger comme il lui plairoit, et que personne ne se mêleroit de leur querelle.

Saouy voulut faire un effort pour obliger Noureddin de lâcher la bride de son cheval ; mais Noureddin qui étoit un jeune homme fort et puissant, enhardi par la bienveillance des assistans, le tira à bas du cheval au milieu du ruisseau, lui donna mille coups, et lui mit la tête en sang contre le pavé. Dix esclaves qui accompagnoient Saouy voulurent tirer le sabre et se jeter sur Noureddin, mais les marchands se mirent au-devant et les en empêchèrent. « Que prétendez-vous faire, leur dirent-ils ? Ne voyez-vous pas que si l’un est visir, l’autre est fils de visir ? Laissez-les vuider leur différend entr’eux. Peut-être se raccommoderont-ils un de ces jours ; et si vous aviez tué Noureddin, croyez-vous que votre maître, tout puissant qu’il est, pût vous garantir