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LES MILLE ET UNE NUITS,

fit sur-le-champ, et elle lui reprocha vivement le peu d’amour qu’il avoit pour elle, puisqu’il l’abandonnoit si facilement à Kerim, et avec tant de dureté ; elle vouloit dire, sans s’expliquer davantage, à un pêcheur tel que Kerim, qu’elle ne connoissoit pas pour le calife non plus que lui. En achevant, elle posa le luth près d’elle, et porta son mouchoir au visage pour cacher ses larmes qu’elle ne pouvoit retenir.

Noureddin ne répondit pas un mot à ces reproches, et il marqua par son silence qu’il ne se repentoit pas de la donation qu’il avoit faite. Mais le calife surpris de ce qu’il venoit d’entendre, lui dit : « Seigneur, à ce que je vois, cette dame si belle, si rare, si admirable, dont vous venez de me faire présent avec tant de générosité, est votre esclave, et vous êtes son maître. » « Cela est vrai, Kerim, reprit Noureddin, et tu serois beaucoup plus étonné que tu ne le parois, si je te racontois toutes les disgrâces qui me sont arrivées à son oc-