Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, IV.djvu/370

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trée à son grand visir et à tous les seigneurs de sa cour, qui le supplièrent de quitter l’habit de deuil, de se faire voir à ses sujets, et de reprendre le soin des affaires comme auparavant. Il témoigna d’abord une si grande répugnance à les écouter, que le grand visir fut obligé de prendre la parole, et de lui dire : « Sire, il n’est pas besoin de représenter à votre Majesté qu’il n’appartient qu’à des femmes de s’opiniâtrer à demeurer dans un deuil perpétuel. Nous ne doutons pas qu’elle n’en soit très-persuadée, et que ce ne soit pas son intention de suivre leur exemple. Nos larmes ni les vôtres ne sont pas capables de redonner la vie au roi votre père, quand nous ne cesserions de pleurer toute notre vie. Il a subi la loi commune à tous les hommes, qui les soumet au tribut indispensable de la mort. Nous ne pouvons cependant dire absolument qu’il soit mort, puisque nous le revoyons en votre sacrée personne. Il n’a pas douté lui-même en mourant qu’il ne