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LES MILLE ET UNE NUITS,

extérieures du plus grand deuil, et entrèrent en pleurant et en poussant de grands gémissemens. Ils étoient précédés par l’un d’eux, conduisant un cheval qui baissait tristement la tête. L’émir les ayant vu arriver de loin, s’avança au-devant d’eux, empressé de savoir des nouvelles de son fils. Mais quelle fut sa surprise lorsqu’il les vit couverts d’habits lugubres, le visage baigné de larmes, et qu’il reconnut le cheval du prince ? Les plus noirs pressentimens s’élèvent alors dans son âme, et l’empêchent de parler. Les chevaliers se prosternent à ses pieds, et l’un d’eux lui dit :

« Seigneur, votre fils n’a pu résister aux fatigues d’un long voyage, et à l’excès d’une passion qui ne lui laissoit goûter aucun repos. Consumé pendant quelques jours par une fièvre lente, nous l’avons vu tomber au milieu de nous, en traversant dans l’ardeur du jour des sables brûlans. Nous nous sommes précipités pour le secourir, et nous lui