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CONTES ARABES.

mandant de la garde sortit, et fit semblant d’exécuter l’ordre qu’il venoit de recevoir.

Naama se retira chez son père, accablé de chagrin et en proie au plus violent désespoir. Quoiqu’il n’eût encore que quatorze ans, et que ses joues fussent à peine couvertes d’un léger duvet, la vie lui paroissoit insupportable : il versoit des torrens de larmes, et ne vouloit plus revoir les lieux qui lui rappeloient des souvenirs trop chers. Sa mère, vivement affectée de son état, passa la nuit tout entière à pleurer et à gémir avec lui. Son père cherchoit en vain à le consoler, en lui disant que, selon les apparences, c’étoit le gouverneur qui avoit fait enlever son esclave, et que peut-être il pourroit bientôt la recouvrer. Le jeune homme, insensible à tout, étoit incapable de goûter aucune consolation. Son chagrin s’accrut au point que sa raison se troubla. Il ne savoit plus ce qu’il disoit, et ne connoissoit plus ceux qui entroient chez lui. Il lan-