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LES MILLE ET UNE NUITS,

raconté toutes ses aventures, la vieille en fut vivement touchée, et l’assura qu’elle alloit travailler de tout son cœur à les réunir. Elle remonta aussitôt sur sa mule, et s’en retourna promptement au palais.

En entrant dans l’appartement de la jeune esclave, la vieille la fixa en souriant, et lui dit : « Vous convient-il de vous affliger ainsi, et de vous rendre malade pour Naama, fils de Rabia de la ville de Koufa ? » « Grand Dieu, s’écria Naam, tout est découvert ! » « Rassurez-vous, lui dit la vieille ; je n’abuserai point du secret qu’on m’a confié. Je veux faire votre bonheur à tous deux, et j’exposerois ma vie pour y réussir. »

La vieille retourna peu après chez Naama. « Je viens, lui dit-elle, de voir votre esclave, et de m’entretenir avec elle : l’amour qu’elle a pour vous ne le cède point à celui que vous avez pour elle ; et la passion du calife à laquelle elle est insensible, prouve que rien ne peut ébranler sa constance. Je médite un projet qui