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CONTES ARABES.

rent devant leur roi. Ce prince féroce ordonna de faire rôtir un certain nombre de ces malheureux, et se reput de leur chair avec les principaux de ses sujets ; le reste des marchands, après avoir été témoin du malheur de leurs compagnons, fut enfermé dans une hutte, et attendoit, en pleurant, le même sort.

» Vers le milieu de la nuit, le singe, qu’on avoit laissé en liberté, s’approcha d’Aboul Mozaffer, et le délivra de ses liens. Celui-ci s’avança aussitôt à tâtons vers ses infortunés camarades, qui, s’imaginant qu’il s’étoit lui-même détaché, s’écrièrent : « Le ciel prend pitié de nous, Aboul Mozaffer, puisqu’il a permis que vous puissiez briser vos liens, et devenir notre libérateur ! » « Mes amis, leur dit-il, ce n’est point moi qui ai brisé mes liens, mais le singe que j’ai acheté pour Mohammed Alkeslan. Je compte, pour témoigner ma reconnoissance à cet animal, lui donner une bourse de mille pièces d’or. » « Chacun de nous lui en don-