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CONTES ARABES.

portant un siége d’or massif, accompagné d’une jeune esclave plus belle que la précédente. Elle s’assit sur le siége qu’on lui présenta, accorda le luth qu’elle tenoit entre ses mains, et se mit à chanter ces paroles :

VERS.

« Comment supporter l’état où je suis ? Le feu de l’amour me consume, et mes larmes forment un déluge perpétuel.

» La vie n’a plus de charmes pour moi. Quel plaisir peut goûter un cœur navré de tristesse ? «[1]

Ces vers firent sur le faux calife le même effet que les premiers. Il poussa un grand cri, et déchira sa robe du haut en bas : les rideaux suspendus autour du trône s’abaissèrent ; il se revêtit d’une autre robe, reprit sa place comme auparavant, et invita les convives à boire de nouveau. Lorsque son tour fut venu, il frappa pour la troisième fois sur la

  1. Keïf istibari wanaro’lshouci fi kebdi, etc.