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LES MILLE ET UNE NUITS,

montrer aux yeux de celle qui ne craint pas de lui avouer son amour ? »

Le prince sortit du bosquet, transporté de joie, et courut à Dorrat Algoase. Elle vint elle-même à sa rencontre, et lui adressa deux vers dont le sens étoit que l’amour la rendoit malheureuse au milieu de sa gloire et de sa grandeur, et qu’un regard du prince faisoit plus d’impression sur son cœur que les hommages et les respects de tout ce qui l’entouroit[1].

Le prince lui répondit qu’il éprouvoit les mêmes sentimens depuis que le génie Alâbous, en lui révélant le secret de leurs futures destinées, lui avoit tracé le portrait de celle qui devoit enflammer son courage, et le faire triompher de tous les obstacles qui s’opposoient encore à leur bonheur. Il ajouta que depuis ce temps tout lui sembloit insipide, et que le sommeil n’avoit plus pour lui de douceurs.

  1. Armaïtani, ya cadhib alban, fi talafi, etc.