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LES MILLE ET UNE NUITS,

cruche et mangé plus de la moitié du bœuf, se tourna vers la femme, et lui dit : « Belle princesse, pourquoi m’obligez-vous par votre opiniâtreté à vous traiter avec rigueur ? Il ne tient qu’à vous d’être heureuse : vous n’avez qu’à prendre la résolution de m’aimer et de m’être fidelle, et j’aurai pour vous des manières plus douces. » « Ô Satyre affreux, répondit la dame, n’espère pas que le temps diminue l’horreur que j’ai pour toi ! Tu seras toujours un monstre à mes yeux ! » Ces mots furent suivis de tant d’injures, que le géant en fut irrité. « C’en est trop, s’écria-t-il d’un ton furieux, mon amour méprisé se convertit en rage ; ta haine excite enfin la mienne, je sens qu’elle triomphe de mes désirs, et que je souhaite ta mort avec plus d’ardeur que je n’ai souhaité ta possession. » En achevant ces paroles, il prit cette malheureuse femme par les cheveux, il la tint d’une main en l’air, et de l’autre tirant son sabre, il s’apprêta à lui couper la tête, lorsque le roi mon