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LES MILLE ET UNE NUITS,

nir lui-même dans mon appartement à la tête d’une partie des conjurés. Son dessein étoit de m’ôter la vie, ou de m’obliger par force à l’épouser. Mais j’eus le temps de lui échapper : tandis qu’il étoit occupé à égorger mon père, le grand visir, qui avoit toujours été fidèle à son maître, vint m’arracher du palais, et me mit en sûreté dans la maison d’un de ses amis, où il me retint jusqu’à ce qu’un vaisseau secrètement préparé par ses soins, fût en état de faire voile. Alors je sortis de l’isle accompagnée seulement d’une gouvernante et de ce généreux ministre, qui aima mieux suivre la fille de son maître, et s’associer à ses malheurs, que d’obéir au tyran.

« Le grand visir se proposoit de me conduire dans les cours des rois voisins, d’implorer leur assistance, et de les exciter à venger la mort de mon père ; mais le ciel n’approuva pas une résolution qui nous paroissoit si raisonnable. Après quelques jours de navigation, il s’éleva une