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LES MILLE ET UNE NUITS,

leur destinée, et peu-à-peu ma raison cédant aux affreuses images qui la troubloient, je pris la résolution de me jeter dans la mer. J’étois prête à m’y lancer, lorsque j’entendis derrière moi un grand bruit d’hommes et de chevaux. Je tournai aussitôt la tête pour voir ce que c’étoit, et je vis plusieurs cavaliers armés, parmi lesquels il y en avoit un monté sur un cheval arabe : celui-là portoit une robe brodée d’argent avec une ceinture de pierreries, et il avoit une couronne d’or sur la tête. Quand je n’aurois pas jugé à son habillement que c’étoit le maître des autres, je m’en serois aperçu à l’air de grandeur qui étoit répandu dans toute sa personne. C’étoit un jeune homme parfaitement bien fait, et plus beau que le jour. Surpris de voir en cet endroit une jeune dame seule, il détacha quelques-uns de ses officiers pour venir me demander qui j’étois. Je ne leur répondis que par des pleurs. Comme le rivage étoit couvert de débris de notre vaisseau, ils jugèrent