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LES MILLE ET UNE NUITS,

le palais avec une partie de ses gens ; mais nous trouvâmes moyen de nous sauver et de gagner le bord de la mer, où nous nous jetâmes dans une barque de pêcheur que nous eûmes le bonheur de rencontrer. Nous voguâmes au gré des vents pendant deux jours, sans savoir ce que nous deviendrions ; le troisième, nous aperçumes un vaisseau qui venoit à nous à toutes voiles. Nous nous en réjouîmes d’abord, parce que nous imaginâmes que c’étoit un vaisseau marchand qui pourroit nous recevoir ; mais nous fûmes dans un étonnement que je ne puis vous exprimer, lorsque s’étant approché de nous, dix ou douze corsaires armés parurent sur le tillac. Ils vinrent à l’abordage ; cinq ou six se jetèrent dans une barque, se saisirent de nous deux, lièrent le prince mon mari, et nous firent passer dans leur vaisseau, où d’abord ils m’ôtèrent mon voile. Ma jeunesse et mes traits les frappèrent : tous ces pirates témoignent qu’ils sont charmés de ma vue. Au lieu de tirer