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LES MILLE ET UNE NUITS,

de pleurs à ta mère. » En disant ces paroles elle pleuroit amèrement, et ses deux confidentes touchées de sa douleur mêloient leurs larmes avec les siennes.

Pendant qu’elles s’affligeoient comme à l’envi toutes trois, le roi entra dans le cabinet ; et les voyant en cet état, il demanda à Pirouzé si elle avoit reçu de tristes nouvelles de Codadad ? « Ah, Seigneur, lui dit-elle, c’en est fait, mon fils a perdu la vie ! Et pour comble d’affliction, je ne puis lui rendre les honneurs de la sépulture ; car, selon toutes les apparences, des bêtes sauvages l’ont dévoré. » En même temps elle raconta tout ce que le chirurgien lui avoit appris : elle ne manqua pas de s’étendre sur la manière cruelle dont Codadad avoit été assassiné par ses frères.

Le roi ne donna pas le temps à Pirouzé d’achever son récit ; il se sentit enflammé de colère ; et cédant à son transport : « Madame, dit-il à la princesse, les perfides qui font