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LES MILLE ET UNE NUITS,

autres appartermens du palais. On lui présenta une chaussure de soie brochée d’or, qu’on avoit coutume de mettre avant que d’y entrer. Il la prit ; et comme il n’en savoit pas l’usage, il la mit dans une de ses manches qui étoient fort larges.

Comme il arrive fort souvent que l’on rit plutôt d’une bagatelle que de quelque chose d’important, peu s’en fallut que le grand visir, Mesrour et tous les officiers du palais qui étoient près de lui, ne fissent un éclat de rire, par l’envie qui leur en prit, et ne gâtassent toute la fête ; mais ils se retinrent ; et le grand visir fut enfin obligé de lui expliquer qu’il devoit la chausser pour entrer dans ce cabinet de commodité.

Pendant qu’Abou Hassan étoit dans le cabinet, le grand visir alla trouver le calife qui s’étoit déjà placé dans un autre endroit pour continuer d’observer Abou Hassan sans être vu, et lui raconta ce qui venoit d’arriver, et le calife s’en fit encore un nouveau plaisir.