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CONTES ARABES.

Abou Hassan sortit du cabinet ; Mesrour en marchant devant lui pour lui montrer le chemin, le conduisit dans l’appartement intérieur où le couvert étoit mis. La porte qui y donnoit communication, fut ouverte, et plusieurs eunuques coururent avertir les musiciennes que le faux calife approchoit. Aussitôt elles commencèrent un concert de voix et d’instrumens des plus mélodieux avec tant de charme pour Abou Hassan, qu’il se trouva transporté de joie et de plaisir, et ne savoit absolument que penser de ce qu’il voyoit et de ce qu’il entendoit. « Si c’est un songe, se disoit-il à lui-même, le songe est de longue durée ? Mais ce n’est pas un songe, continuoit-il, je me sens bien, je raisonne, je vois, je marche, j’entends. Quoi qu’il en soit, je me remets à Dieu sur ce qui en est. Je ne puis croire néanmoins que je ne sois pas le Commandeur des croyans : il n’y a qu’un Commandeur des croyans qui puisse être dans la splendeur où je suis. Les honneurs et les respects