Page:Les Mille et Une Nuits, trad. Galland, Le Normant, 1806, V.djvu/264

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
254
LES MILLE ET UNE NUITS,

trer, s’abandonna aux pleurs et aux larmes ; et en se frappant le visage et la poitrine, elle faisoit des exclamations qui marquoient son étonnement et sa profonde douleur de voir son fils dans une si terrible aliénation d’esprit.

Abou Hassan, au lieu de s’appaiser et de se laisser toucher par les larmes de sa mère, s’oublia lui-même au contraire jusqu’à perdre envers elle le respect que la nature lui inspiroit. Il se leva brusquement, il se saisit d’un bâton ; et venant à elle la main levée comme un furieux : « Maudite vieille, lui dit-il dans son extravagance et d’un ton à donner de la terreur à tout autre qu’à une mère pleine de tendresse pour lui, dis-moi tout-à-l’heure qui je suis ? »

« Mon fils, répondit la mère en le regardant tendrement, bien loin de s’effrayer, je ne vous crois pas abandonné de Dieu jusqu’au point de ne pas connoître celle qui vous a mis au monde, et de vous méconnoître vous-même. Je ne feins pas de vous dire