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LES MILLE ET UNE NUITS,

voilà pour celle qui vous a élevé, et avec qui nous vous avons toujours vu demeurer, en un mot, pour votre mère ? » « Vous êtes des impertinens, répliqua Abou Hassan, je ne la connois pas, ni vous non plus, et je ne veux pas la connoître. Je ne suis pas Abou Hassan, je suis le Commandeur des croyans ; et si vous l’ignorez, je vous le ferai apprendre à vos dépens. »

À ce discours d’Abou Hassan, les voisins ne doutèrent plus de l’aliénation de son esprit. Et pour empêcher qu’il ne se portât à des excès semblables à ceux qu’il venoit de commettre contre sa mère, ils se saisirent de sa personne malgré sa résistance, et ils le lièrent de manière qu’ils lui ôtèrent l’usage des bras, des mains et des pieds. En cet état et hors d’apparence de pouvoir nuire, ils ne jugèrent pas cependant à propos de le laisser seul avec sa mère. Deux de la compagnie se détachèrent, et allèrent en diligence à l’hôpital des fous avertir le concierge de ce qui