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CONTES ARABES.

causées les coups de nerf de bœuf qu’il avoit reçus.

Le calife ne put regarder ces objets sans horreur. Il eut compassion du pauvre Abou Hassan, et il fut très-fâché que la raillerie eût été poussée si loin. Il rentra aussitôt en lui-même ; et en embrassant Abou Hassan de tout son cœur : « Levez-vous, je vous en supplie, mon cher frère, lui dit-il d’un grand sérieux : venez, et allons chez vous ; je veux encore avoir l’avantage de me réjouir ce soir avec vous. Demain, s’il plaît à Dieu, vous verrez que tout ira le mieux du monde. »

Abou Hassan, malgré sa résolution, et contre le serment qu’il avoit fait de ne pas recevoir chez lui le même étranger une seconde fois, ne put résister aux caresses du calife, qu’il prenoit toujours pour un marchand de Moussoul. « Je le veux bien, dit-il au faux marchand ; mais, ajouta-t-il, à une condition que vous vous engagerez à tenir avec serment. C’est de me faire la grâce de fermer