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LES MILLE ET UNE NUITS,

« Levez-vous, lui dit-elle toujours en riant, et venez voir le fruit de la tromperie que j’ai faite à Zobéïde. Nous ne mourrons pas encore de faim aujourd’hui. »

Abou Hassan se leva promptement, et se réjouit fort avec sa femme, en voyant la bourse et la pièce de brocard.

Nouzhatoul-Aouadat étoit si aise d’avoir si bien réussi dans la tromperie qu’elle venoit de faire à la princesse, qu’elle ne pouvoit contenir sa joie. « Ce n’est pas assez, dit-elle à son mari en riant : je veux faire la morte à mon tour, et voir si vous serez assez habile pour en tirer autant du calife que j’ai fait de Zobéïde. »

« Voilà justement le génie des femmes, reprit Abou Hassan ; on a bien raison de dire qu’elles ont toujours la vanité de croire qu’elles sont plus que les hommes, quoique le plus souvent elles ne fassent rien de bien que par leur conseil. Il feroit beau voir que je n’en fisse pas au