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CONTES ARABES.

fit plus de plaisir, ce fut d’y voir les coffres et les ballots de Ganem, que Mesrour avoit eu soin d’y faire porter.

Le lendemain, Haroun Alraschild donna ordre au grand visir de faire publier par toutes les villes de ses états, qu’il pardonnoit à Ganem, fils d’Abou Aïbou ; mais cette publication fut inutile ; car il se passa un temps considérable sans qu’on entendît parler de ce jeune marchand. Tourmente crut que sans doute il n’avoit pu survivre à la douleur de l’avoir perdue. Une affreuse inquiétude s’empara de son esprit ; mais comme l’espérance est la dernière chose qui abandonne les amans, elle supplia le calife de lui permettre de faire elle-même la recherche de Ganem ; ce qui lui ayant été accordé, elle prit une bourse de mille pièces d’or qu’elle tira de sa cassette, et sortit un matin du palais montée sur une mule des écuries du calife, très-richement enharnachée. Deux eunuques noirs l’accompagnoient, qui