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LES MILLE ET UNE NUITS,

grand motif de l’état où vous me vîtes hier quand je rentrai, et le sujet du silence que j’ai gardé jusqu’à présent. J’aime la princesse d’un amour dont la violence est telle que je ne saurois vous l’exprimer ; et comme ma passion vive et ardente augmente à tout moment, je sens qu’elle ne peut être satisfaite que par la possession de l’aimable princesse Badroulboudour ; ce qui fait que j’ai pris la résolution de la faire demander en mariage au sultan. »

La mère d’Aladdin avoit écouté le discours de son fils avec assez d’attention jusqu’à ces dernières paroles ; mais quand elle eut entendu que son dessein étoit de faire demander la princesse Badroulboudour en mariage, elle ne put s’empêcher de l’interrompre par un grand éclat de rire. Aladdin voulut poursuivre, mais en l’interrompant encore : « Eh, mon fils, lui dit-elle, à quoi pensez-vous ? Il faut que vous ayez perdu l’esprit, pour me tenir un pareil discours ! »