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CONTES ARABES.

en un mois ils n’avoient pas achevé la moitié de l’ouvrage. Ils employèrent toutes celles du sultan, avec ce que le grand visir lui prêta des siennes ; et tout ce qu’ils purent faire avec tout cela, fut au plus d’achever la moitié de la croisée.

Aladdin qui connut que le sultan s’efforcoit inutilement de rendre la jalousie semblable aux autres, et que jamais il n’en viendroit à son honneur, fit venir les orfévres, et leur dit non-seulement de cesser leur travail, mais même de défaire tout ce qu’ils avoient fait, et de reporter au sultan toutes ses pierreries avec celles qu’il avoit empruntées du grand visir.

L’ouvrage que les joailliers et les orfévres avoient mis plus de six semaines à faire, fut détruit en peu d’heures. Ils se retirèrent, et laissèrent Aladdin seul dans le salon. Il tira la lampe qu’il avoit sur lui, et il la frotta. Aussitôt le génie se présenta : « Génie, lui dit Aladdin, je t’avois ordonné de laisser une des