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CONTES ARABES.

afin de n’en pas manger plus une fois que l’autre ? Si vous en usez ainsi par épargne et pour m’apprendre à ne pas être prodigue, vous n’avez rien à craindre de ce côté-là ; et je puis vous assurer que nous ne nous ruinerons jamais par cet endroit-là. Nous avons par la grâce de Dieu de quoi vivre aisément sans nous priver du nécessaire. Ne vous contraignez pas, ma chère Amine, et mangez comme vous me voyez manger. »

» L’air affable avec lequel je lui faisois ces remontrances, sembloit devoir m’attirer quelque réponse obligeante ; mais sans me dire un seul mot, elle continua toujours à manger de la même manière ; et afin de me faire plus de peine, elle ne mangea plus de riz que de loin en loin ; et au lieu de manger des autres mets avec moi, elle se contenta de porter à sa bouche de temps en temps un peu de pain émietté, à-peu-près autant qu’un moineau en eût pu prendre.

» Son opiniâtreté me scandalisa. Je m’imaginai néanmoins, pour lui fai-