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CONTES ARABES.

d’une manière qui pouvoit lui marquer que je le suppliois de me faire encore cette faveur ; mais il fut inflexible, et il s’opposa à mon dessein le bâton à la main, et d’un air si impitoyable, que je fus contraint de m’éloigner.

» À quelques maisons plus loin, je m’arrêtai devant la boutique d’un boulanger, qui tout au contraire du vendeur de têtes de moutons que la mélancolie dévoroit, me parut un homme gai et de bonne humeur, et qui l’étoit en effet. Il déjeûnoit alors ; et quoique je ne lui eusse donné aucune marque d’avoir besoin de manger, il ne laissa pas néanmoins de me jeter un morceau de pain. Avant que de me jeter dessus avec avidité comme font les autres chiens, je le regardai avec un signe de tête et un mouvement de queue, pour lui témoigner ma reconnoissance. Il me sut bon gré de cette espèce de civilité, et il sourit. Je n’avois pas besoin de manger ; cependant pour lui faire plaisir je pris le morceau de