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LES MILLE ET UNE NUITS,

» Ma femme, qui n’avoit plus de cette terre, appelle le vendeur ; et comme elle n’avoit pas d’argent, elle lui demanda s’il vouloit lui donner de sa terre en échange pour du son. Le vendeur demanda à voir le son ; ma femme lui montra le vase ; le marché se fit, il se conclut. Elle reçut la terre à décrasser, et le vendeur emporta le vase avec le son.

» Je revins chargé de chanvre autant que j’en pouvois porter, suivi de cinq porteurs, chargés comme moi de la même marchandise, dont j’emplis une soupente que j’avois ménagée dans ma maison. Je satisfis les porteurs pour leur peine ; et après qu’ils furent partis, je pris quelques momens pour me remettre de ma lassitude. Alors je jetai les yeux du côté où j’avois laissé le vase de son, et je ne le vis plus.

» Je ne puis exprimer à votre Majesté quelle fut ma surprise, ni l’effet qu’elle produisit en moi dans ce moment. Je demandai à ma femme avec précipitation ce qu’il étoit devenu ; et