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CONTES ARABES.

poisson qu’il amena, il y en eût un seul qui approchât du premier.

» Quand le pêcheur eut achevé sa pêche, et qu’il fut revenu chez lui, le premier soin qu’il eut, fut de songer à moi ; et je fus extrêmement surpris, comme je travaillois, de le voir se présenter devant moi chargé de ce poisson.

« Voisin, me dit-il, ma femme vous a promis cette nuit le poisson que j’amenerois du premier jet de mes filets, en reconnoissance du plaisir que vous nous avez fait, et j’ai approuvé sa promesse. Dieu ne m’a envoyé pour vous que celui-ci, je vous prie de l’agréer. S’il m’en eût envoyé plein mes filets, ils eussent de même tous été pour vous. Acceptez-le, je vous prie, tel qu’il est, comme s’il étoit plus considérable. »

« Voisin, repris-je, le morceau de plomb que je vous ai envoyé est si peu de chose, qu’il ne méritoit pas que vous le missiez à un si haut prix. Les voisins doivent se secourir les uns les autres dans leurs petits be-